Le tracteur de Francis Lacassagne se faufile dans le verger baigné de soleil. C'est «l'heure de la douche» pour les pommes de l'arboriculteur installé à Saint-Paul-d'Espis, à l'ouest de Moissac. Mais attention, ce n'est pas n'importe quelle douche. Sur les 35 hectares de son exploitation, Francis Lacassagne utilise un procédé d'irrigation méconnu, qui comporte pourtant bon nombre d'avantages.

«C'est une technique qui me permet de réduire de moitié la quantité de pesticides utilisés dans mes vergers», avance l'arboriculteur installé à Saint-Paul-d'Espis depuis 1981. Il y a trois ans, Francis Lacassagne a décidé d'investir dans une machine qui permet de traiter l'eau avant de la pulvériser sur les arbres fruitiers.

«Réduire de moitié la quantité d'engrais»

Si le procédé de traitement est complexe, il peut être résumé de la façon suivante : l'eau est préparée (notamment en ajustant la quantité de pH) en fonction des pesticides qui vont être utilisés pour traiter les vergers. Par ce biais, l'eau est beaucoup plus conductrice et permet aux pesticides d'être beaucoup plus efficace lors de leur application. «Cela nous permet de réduire de 50 % la quantité d'engrais. Je fais des économies et je protège l'environnement», conclut l'arboriculteur, sûr de lui.

Sur l'exploitation de Francis Lacassagne, tous les produits cultivés sont donc biberonnés à cette technique. Pommes, prunes, cerises, raisins, kiwis, l'eau est adaptée en fonction des besoins de chacune des cultures.

Quatre ou cinq seulement dans le Tarn-et-Garonne

Cependant, selon les calculs de l'agriculteur, ils seraient seulement «quatre ou cinq» à utiliser ce procédé dans le département. Les collègues douteraient-ils de la véracité de cette préparation ? Pour être sûr du coup, Francis Lacassagne a fait analyser ses fruits afin de mesurer les résidus de pesticides. Résultat : «on en trouve, mais beaucoup moins que sur les cultures classiques».

Trois ans après s'être lancé dans cette aventure, le Saint-paulais annonce avoir déjà remboursé l'investissement qu'a représenté le système, à hauteur de 22 000 €. Les économies futures seront pour sa poche.

«Il faudrait que des politiques soient menées afin d'aider les arboriculteurs pour s'équiper de ce système, plaide l'arboriculteur. Ce sont des solutions qui doivent être soutenues par les pouvoirs publics».

Une initiative qui prouve qu'en effet, il est possible de faire de l'agriculture conventionnelle tout en étant respectueux de l'environnement.